Le pouvoir de la commérage règne en maître sur le roman de Carmen Boullosa, « Texas: Le Grand Vol ». Dès la première page, nous sommes plongés dans l’année 1859, sur les rives nord et sud du Río Bravo, dans les villes de Bruneville et Matasánchez. Mais savons-nous vraiment où et quand nous sommes?
La voix du commérage, semblable à celle de notre narrateur, nous emporte dans un tourbillon de vols, de trahisons et de querelles entre Américains et Mexicains. Les événements se succèdent, se mêlent, se transforment, dans un enchevêtrement de ragots et de potins qui nous transporte de Galveston aux marécages de Matasánchez.
Les personnages, nombreux et divers, se croisent et s’entremêlent dans une danse effrénée de commérages. Les tensions raciales, les luttes de pouvoir et les rivalités s’entremêlent dans un récit haletant où la vérité importe moins que la manière dont elle est racontée.
La force du commérage transcende les frontières, les langues et les époques, pour nous plonger dans un monde où l’épique côtoie le quotidien, où les héros se confondent avec les voleurs, et où la vérité se dissimule derrière les rumeurs et les mensonges.
Dans ce roman foisonnant, où chacun a son rôle à jouer et sa part de mystère à dévoiler, le commérage devient le fil conducteur d’une histoire où l’épopée se mêle à la farce, où la réalité se confond avec la fiction, et où la voix des gossips résonne comme un écho lointain, rappelant que la vérité n’est pas toujours là où on l’attend.