Un boycott culturel historique en solidarité avec la Palestine
La semaine dernière, plus de 5 000 écrivains et éditeurs du monde entier ont promis de ne pas travailler avec les « institutions culturelles israéliennes complices ou restées silencieuses face à l’oppression écrasante des Palestiniens ». Ce boycott pourrait être l’acte de boycott culturel le plus important depuis la mobilisation contre l’apartheid en Afrique du Sud. Parmi les signataires figurent certains des écrivains les plus connus et aimés au monde. J’ai également signé cette promesse.
Une prise de position contre l’apartheid israélien
La lettre déclare : « Il s’agit d’un génocide, comme l’ont affirmé depuis des mois des experts et institutions de premier plan. Les responsables israéliens parlent ouvertement de leur intention d’éliminer la population de Gaza, de rendre impossible l’établissement d’un État palestinien et de saisir les terres palestiniennes… Les institutions culturelles israéliennes, souvent en étroite collaboration avec l’État, ont joué un rôle crucial en dissimulant, en déguisant et en blanchissant le dépossession et l’oppression de millions de Palestiniens depuis des décennies… » Les écrivains ajoutent : « Nous ne pouvons en toute conscience collaborer avec les institutions israéliennes sans interroger leur relation avec l’apartheid et le déplacement. »
Une décision personnelle contre l’apartheid israélien
Cinéma peut être inspirant, éclairant et cathartique ; il peut aussi être utilisé au service des empires, des colonisateurs et des occupations. Il peut être employé pour donner une apparence de normalité à des paysages d’injustice. Malheureusement, le festival en question appartient clairement à cette dernière catégorie et je ne peux, en toute conscience, en faire partie sous quelque forme ou manière que ce soit. Mon roman traite de l’occupation et de ses conséquences dévastatrices. Je ne peux pas permettre à mon travail, même indirectement, d’être associé à une plateforme dont le but, il est clair pour moi, est de blanchir l’apartheid israélien et de porter atteinte aux droits des Palestiniens.
Une position contre l’occupation illégale des territoires palestiniens
Selon le droit international, tous les peuplements dans les territoires palestiniens occupés sont illégaux. La Cour internationale de Justice (CIJ) dans son récent jugement historique a déclaré que l’occupation continue par Israël des territoires palestiniens est illégale, et qu’Israël devrait cesser les activités de peuplement dans la Cisjordanie occupée, à Jérusalem-Est et à Gaza. Le jugement a également appelé au retrait immédiat et total des colons israéliens des territoires palestiniens occupés.
Une décision de conscience face à l’injustice
Je suis donc attristé de devoir me distancer de la projection du film lors de ce festival. La décision de l’inclure a été prise sans mon consentement et je n’en ai eu connaissance que par hasard. Il ne me fait aucun plaisir de me désolidariser de l’exposition d’un film basé sur mon propre roman, mais je suis convaincu que ne pas le faire serait moralement condamnable.
Une déclaration d’intention contre l’oppression
Contrairement aux accusations portées contre les écrivains ayant signé la promesse de boycott, les boycotts ne sont pas des actes visant à favoriser l’exclusion ou la haine ; ce sont en fait des déclarations d’intention de ne pas être complice de l’injustice, car sans justice il ne peut y avoir d’égalité. Les boycotts sont destinés à déclarer, en parole et en acte, que l’on ne coopérera pas avec des systèmes d’oppression et de cruauté. Ils sont la solidarité mise en pratique, les paroles de soutien concrétisées, opérationnalisées.
Une prise de position contre la normalisation de la colonie
C’est pour ces raisons que je dois boycotter un festival de cinéma faisant partie d’un appareil de légitimation mis en place pour normaliser la colonie.