Lors du débat présidentiel de mardi dernier, Donald Trump a une nouvelle fois évoqué une accusation sans fondement qui vise les immigrants haïtiens dans l’Ohio, leur prêtant des comportements inacceptables comme manger des chiens et d’autres animaux de compagnie.
Ces déclarations de Trump alimentent l’intolérance et intensifient les tensions existantes. Les rumeurs concernant les immigrants haïtiens ont vu le jour en août, propagées sur des plateformes par des groupes d’extrême droite, comme Blood Tribe, un groupe néo-nazi. « Le président en parle maintenant », a écrit un membre de Blood Tribe sur Gab, un réseau social prisé par l’extrême droite. « C’est ça, le vrai pouvoir. »
Maria Bruno, membre de l’organisation Ohioans Against Extremism, lancée en réponse à la montée de l’extrémisme dans l’Ohio, a déclaré : « Ils sont ravis de voir des politiciens relayer leurs discours. »
Les habitants de Springfield subissent les conséquences de cette rhétorique incendiaire, alors que les candidats républicains continuent d’alimenter des revendications mensongères, renforçant ainsi les groupes extrémistes.
Menaces de Bombes Créent Une Atmosphère de Peur
Ces rumeurs infondées ont engendré un climat de peur palpable parmi les résidents de Springfield, qui s’inquiètent d’éventuels actes de violence et de discrimination. En à peine trois jours après le débat présidentiel, des menaces de bombes ont provoqué l’évacuation et la fermeture de plusieurs écoles publiques ainsi que de bâtiments administratifs, et ce, pour la deuxième journée consécutive.
Les élèves des écoles élémentaires Perrin Woods et Snowhill à Springfield ont été évacués vers un autre site, a informé la porte-parole du district scolaire, Jenna Leinasars. De son côté, l’école intermédiaire Roosevelt a été fermée avant le début de la journée scolaire en raison d’alerte provenant de la police de Springfield, a ajouté Leinasars.
Parallèlement aux évacuations scolaires, plusieurs commissaires municipaux et un employé de la ville ont reçu des menaces de bombes par e-mail, selon la porte-parole de la ville, Karen Graves. Un second message menaçait plusieurs sites, dont l’Hôtel de Ville de Springfield, l’école secondaire Cliff Park, ainsi que d’autres établissements. La police locale et le FBI de Dayton collaborent pour tenter d’identifier l’origine de ces menaces par e-mail, a précisé la fonctionnaire.
Le samedi suivant, l’université Wittenberg, située à proximité, a annulé toutes ses activités en raison d’une menace de fusillade ciblant la communauté haïtienne.
Les Réactions du Gouverneur de l’Ohio et du Maire de Springfield
Face à l’arrivée récente d’environ 15 000 Haïtiens, le gouverneur de l’Ohio, Mike DeWine (R), a annoncé qu’il allait envoyer des agents supplémentaires et consacrer 2,5 millions de dollars pour de l’aide sanitaire.
Dans une interview accordée à NPR, Morning Edition, DeWine a souligné que les allégations concernant des migrants haïtiens mangeant des animaux de compagnie n’avaient « aucune preuve crédible ».
« Si vous parlez aux gens, notamment ceux qui travaillent avec des Haïtiens, ils vous diront que ce sont des travailleurs acharnés », a affirmé DeWine. « Une personne a même dit : « J’aimerais en avoir 100 de plus qui travaillent pour moi. » Regardez, ce sont de bonnes personnes. Les habitants de Springfield sont de bonnes personnes. »
Le maire de Springfield, Rob Rue, a partagé ce sentiment lors d’une apparition sur MSNBC, dans l’émission Katy Tur Reports, en déclarant : « Springfield est une belle communauté, et vos animaux de compagnie sont en sécurité à Springfield, Ohio. » Rue a insisté sur le fait qu’il était important pour les citoyens de croire aux informations qui leur sont communiquées concernant la situation actuelle.
Il a également appelé à mettre un terme à la désinformation. « Nous avons besoin que ceux qui ont une plateforme nationale et des millions de suiveurs comprennent l’impact qu’ont leurs mots sur des villes comme Springfield, Ohio », a-t-il ajouté. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’aide, pas de désinformation. »
